L’état de stress post-traumatique (ESPT) est un trouble qui peut survenir après un événement traumatisant. Comprendre ces symptômes est essentiel pour reconnaître le besoin d'intervention professionnel et favoriser la guérison.
Les symptômes de l’état de stress post-traumatique
Les symptômes qui caractérisent spécifiquement l’état de stress post-traumatique correspondent au syndrome de répétition, aux conduites d’évitement et à l’activation neurovégétative. D’autres symptômes non spécifiques au syndrome post-traumatique peuvent néanmoins se manifester, dont les troubles du comportement.
1. Le syndrome de répétition
Le modèle du traitement adaptatif de l’information (AIP) de Francine Shapiro (qui est utilisé dans les hypothèses du fonctionnement de la thérapie EMDR) explique l’origine des manifestations des symptômes intrusifs qui amènent les victimes à revivre spontanément l’événement. L’AIP se base sur l’apprentissage du traitement de l’information qui intègre de nouvelles expériences au sein des réseaux neuronaux dans la mémoire déjà existants. C’est par le biais du système nerveux autonome et de la fonction du système sympathique qui active l’état d’alerte et parasympathique permettant de mettre le système en repos, que sont traitées les informations relatives aux événements vécus. Ces derniers ne peuvent être traités si le système parasympathique n’est pas activé.
De ce fait, le système neurophysiologique traite l’information de façon spontanée en accumulant l’ensemble des perceptions, des attitudes et des comportements appris sur base des expériences dans le but de les réutiliser de manière adéquate ultérieurement. Ainsi, lorsqu’un événement traumatique survient, le système nerveux se retrouve en déséquilibre avec pour conséquences que le système de traitement de l’information soit inopérant. L’ensemble des données de l’événement telles que les images, les odeurs, les sons mais aussi les sensations, les émotions restent à l’état originaire en terme de leur vécu traumatique. C’est par le dysfonctionnement du système nerveux que les souvenirs traumatiques ne sont pas assimilés et restent stockés dans la mémoire occasionnant l’apparition de symptômes de reviviscence dès lors que le système parasympathique est actif.
Le syndrome de répétition regroupe plusieurs formes de reviviscence. On y retrouve les phénomènes de flash-back qui peuvent survenir sous des formes visuelles où la victime a l’impression de percevoir son agresseur, mais également de façon auditive, olfactive, sensitive où ce dernier peut être ressenti par son odeur ou sa respiration.
Les souvenirs répétitifs sont des symptômes qui surviennent indépendamment de la volonté du sujet sous des formes de pensées de l’événement en l’absence d’hallucination visuelle. Les ruminations mentales proviennent de l’inquiétude caractérisée par des questionnements en ce qui concerne l’événement et l’attitude que le sujet aurait pu avoir pour retourner la situation à son avantage ou pour l’éviter.
Les réminiscences peuvent également survenir lors du sommeil sous forme de cauchemars à répétition. Ils sont favorisés par l’activation du système parasympathique qui permet au système de traitement de l’information d’intégrer les souvenirs de l’événement en mémoire à long terme au moment des rêves et qui occasionne chez la victime de revivre la situation par les mêmes sentiments de détresse et de peur.
Les victimes qui ont été traumatisées peuvent avoir l’impression que l’événement pourrait se reproduire à cause de la perception de certaines caractéristiques qui se trouvent dans leur environnement, plus précisément au moment où des stimuli présents vont correspondre à certains bruits, odeurs où des ressemblances. Des réactions de phénomènes moteurs élémentaires peuvent être produits à la suite de la perception de ces stimuli qui rappellent l’événement. En outre, le sujet est soudainement contraint de reproduire le comportement au moment de l’incident comme par exemple se cacher, ou bien sursauter dès lors qu’il entend un bruit violent.
2. L’activation neurovégétative
Les phénomènes de reviviscence sont marqués par l’activation physiologique au moment de leur apparition ainsi, que des états de détresse chez les victimes.
Ces derniers peuvent ressentir des troubles somatiques qui sont liés à la réaction physiologique comme de la tachycardie, palpitations cardiaques, céphalées, et les troubles gastriques. De même que l’activation continue du système neurovégétatif provoque l’apparition des troubles du sommeil, des troubles alimentaires tels que la boulimie et anorexie, de l’agressivité, de l’hypervigilance et des états d’alerte.
3. Les conduites d’évitement
Les comportements d’évitement visent à réduire les chances d’exposition d’une nouvelle situation périlleuse. Ces conduites peuvent prendre la forme d’un ensemble de séquences comportementales. En effet, les victimes ont tendance à vouloir fuir ce qui leur rappelle l’incident vécu. A la fois physiquement en évitant de retourner sur le lieu de la scène traumatique, en s’écartant des personnes qui ont une forte ressemblance vestimentaire avec la personne qui a porté le préjudice.
C’est le cas également de certaines situations anxiogènes où les victimes vont tout faire pour ne plus se retrouver dans une situation similaire à l’événement vécu, comme par exemple ne plus sortir le soir sans être accompagnées, éviter de rester seule. D’autres conduites d’évitement sont réalisées par les pensées avec le refus de réfléchir à l’événement traumatique en s’occupant l’esprit via des activités qui visent à distraire la personne, notamment passer de longues heures devant la télévision, la consommation d’alcool ou la pratique intensive de sport. De plus, ces conversations avec autrui sont impactées par la volonté de ne pas engager un dialogue concernant l’incident.
L’ensemble des conduites d’évitement énumérées précédemment ont des conséquences sur la vie quotidienne pour certaines victimes. En effet, cela peut mener à un repli sur soi et limiter les déplacements en dehors de la zone du domicile. Des dépendances peuvent survenir à la suite de consommation d’alcool ou envers les proches qui sont sollicités à prendre en charge et à tenir compagnie à la victime.
Si l’évitement peut permettre de stabiliser le quotidien d’une personne sur le court terme, cela ne guérit pas la blessure émotionnelle. En effet, « Ce réseau traumatique reste dormant, et activable lorsqu’un déclencheur apparaît dans l’environnement. »
Dans le travail avec la thérapie EMDR, le praticien EMDR devra analyser les déclencheurs importants qui se sont développés à la suite de l’incident traumatique afin d’être en mesure de les désensibiliser si cela est nécessaire.
Dans un premier temps et en fonction des traumatismes, le praticien peut désensibiliser directement les souvenirs traumatiques pour ensuite se focaliser sur certains déclencheurs. Cela dépendra de l’analyse clinique du professionnel et de son expertise mais aussi des priorités à aborder pour la personne qui vient consulter.
Conclusion
Il est crucial de ne pas sous-estimer les symptômes de l’ESPT. Si vous ou un proche présentez des signes persistants de stress post-traumatique, consulter un professionnel peut vous aider à retrouver un équilibre émotionnel et à guérir des traumatismes passés.
Si vous avez vécu un événement potentiellement traumatique et que vous ressentez des symptômes persistants au-delà de quelques jours, il est vivement recommandé de consulter rapidement un professionnel de la santé. En effet, des spécialistes peuvent mettre en œuvre des techniques de régulation émotionnelle et des protocoles spécifiques pour traiter les traumatismes récents, notamment à travers la psychothérapie EMDR. Cette approche a démontré son efficacité pour atténuer les symptômes et favoriser le processus de guérison. Ne sous-estimez pas l'importance de demander de l'aide et de prendre en charge votre santé dès que possible.
Références
- Desbiendras, N. (2013) Modèle du processus de traitement adaptatif de l’information dans la thérapie EMDR. Document non publié, Superviseur EMDR Europe.
- Josse, E. (2019). Le traumatisme psychique chez l’adulte.
- Crocq, L. (2012) 16 leçons sur le trauma. (1ère éd.) Paris, France : Odile Jacob.
- Crocq, L., Jean-Pierre., B. (2018) Histoire de la psychotraumatologie : Les dramatiques attentats terroristes de 2015 et 2016 ont eu des répercussions considérables sur les psychismes. Annales Médico-psychologiques 176, 305-309. Doi : /10.1016/j.amp.2018.01.007
- Delluci, H. (2014) Psychotraumatologie centrée compétences : Médecine & Hygiène « thérapie familiale ». 193 – 226N En ligne https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2014-2-page-193.htm