Les réactions immédiates
Lorsqu'un événement traumatisant survient, notre corps réagit instantanément par des mécanismes neurophysiologiques de stress. Ces premières réactions, si elles sont gérées de manière adaptée, permettent à notre organisme de faire face à la situation en augmentant notre vigilance, nos capacités cognitives, et notre énergie pour évaluer la situation et prendre des décisions appropriées.
Cependant, ces réactions immédiates peuvent également être inappropriées lorsque le stress devient trop intense. Dans de tels cas, la personne peut avoir du mal à gérer ses émotions, entraînant une diminution de la perception de l'environnement et des comportements inadaptés.
Différents types de réactions peuvent se manifester, notamment la stupeur dissociative, où la victime est sidérée et confuse face au choc, incapable de percevoir et de réagir adéquatement. Certaines personnes peuvent même ressentir une dépersonnalisation, se sentant détachées d'elles-mêmes comme si elles étaient spectatrices de la scène.
Cet état est expliqué par l’effet de la décorporalisation à la suite d’une atteinte de l’intégrité physique d’une personne et se manifeste par l’impression de flotter où de se retrouver à côté de son corps.
La perception du temps peut également être altérée, donnant l'impression que l'événement se déroule lentement, comme s'il durait une éternité.
Les réactions de stress dépassé sont souvent associées à une détresse péri-traumatique, caractérisée par une peur extrême, un sentiment d'impuissance, une impression de mort imminente, la colère et la culpabilité
La fuite panique, impulsant à fuir de manière irrationnelle, ou le comportement d'automate, caractérisé par une lenteur des gestes, peuvent également se manifester. Ces symptômes immédiats s'estompent généralement dans les heures suivant l'événement.
Les réactions post-immédiates
Au cours de la période post-immédiate, les symptômes de stress dépassé peuvent diminuer progressivement au bout de quelques jours voire semaines, jusqu'à retrouver un seuil normal.
Cependant, il peut y avoir des décharges émotionnelles et neurovégétatives interrompant ce retour à la normale, visant à libérer la tension accumulée lors de l'événement traumatique.
La phase post-immédiate fait partie de la phase de latence précédant l'éventuelle manifestation d'un syndrome post-traumatique. Selon le DSM-5, le diagnostic d'un état de stress post-traumatique peut être posé au moins un mois après l'événement traumatique. Les symptômes qui apparaissent à ce stade sont similaires à ceux présents à long terme, comprenant la reviviscence de l'événement traumatique, des conduites d'évitement, et une forte activation neurovégétative.
Si vous avez vécu un événement potentiellement traumatique et que vous ressentez des symptômes persistants au-delà de quelques jours, il est vivement recommandé de consulter rapidement un professionnel de la santé. En effet, des spécialistes peuvent mettre en œuvre des techniques de régulation émotionnelle et des protocoles spécifiques pour traiter les traumatismes récents, notamment à travers la psychothérapie EMDR. Cette approche a démontré son efficacité pour atténuer les symptômes et favoriser le processus de guérison. Ne sous-estimez pas l'importance de demander de l'aide et de prendre en charge votre santé dès que possible.
Références:
American Psychiatric Association, (2013). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th Edition: DSM-5. Washington D.C.: American Psychiatric Press.
Chidiac, N., Crocq, L. (2010). Stress et trauma : considérations historiques. Annales Médico-Psychologiques 168, 311-319. doi :10.1016/j.amp.2010.03.013 Chidiac, N.
Crocq, L. (2010). Le psychotrauma. II. La réaction immédiate et la période post-immédiate. Annales Médico-Psychologiques 168, 639-644. doi :10.1016/j.amp.2010.07.011
Crocq, L. (2012) 16 leçons sur le trauma. (1ère éd.) Paris, France : Odile Jacob.
Josse, E. (2019). Le traumatisme psychique chez l’adulte.